Quand la mobilité en ville se réduit

La mobilité et les possibilités de mobilité sont étroitement liées au mode de vie. Chaque jour, il faut se déplacer pour aller travailler, pour étudier ou pour aller au sport. L’avenir de la mobilité peut être envisagé dans le sens le plus large de la façon dont les gens vivent leur vie et de l’endroit où ils la vivent, ou plus étroitement comme les choix de mobilité quotidiens effectués dans le cadre du système existant.

Quels facteurs réduisent la mobilité ?

La réduction de la mobilité est un sujet important pour comprendre les aménagements des villes de demain. Cette diminution peut s’expliquer par différents critères qui sont la santé, les problèmes écologiques et plus récemment la pandémie de COVID-19. Il faut tout d’abord différencier la diminution de la mobilité involontaire et volontaire. La première condition repose sur la difficulté de se déplacer, la seconde sur des choix personnels ou professionnels.

Les personnes à mobilité réduite ou PMR voient leurs mobilités diminuées au quotidien. Pour ces personnes, les déplacements deviennent difficiles et les aménagements ne répondent pas toujours à leurs besoins. L’acronyme PMR n’est pas seulement réservé aux personnes reconnues comme handicapées, mais aussi à d’autres personnes dont la mobilité est entravée de façon temporaire ou permanente. Ainsi, une personne âgée, une femme enceinte, un papa avec une poussette, un enfant avec des béquilles sont tous des personnes à mobilité réduite qui limitent souvent leurs sorties dans un environnement urbain inadapté. On retrouve par exemple des trottoirs pas assez larges pour une poussette, un manque de mode d’accès pour aller prendre le métro, etc. La réduction de la mobilité n’est pas volontaire, mais se traduit souvent par « l’inquiétude d’être face à une situation délicate » ou encore « la peur de tomber, car ce n’est pas adapté ».

Pour la diminution de la mobilité, l’aspect volontaire est dû à deux principaux critères. Tout d’abord l’élargissement de la possibilité du télétravail joue un rôle majeur dans la réduction des déplacements. Dans certaines entreprises, le télétravail peut être de 2, 3, 4 voire 5 jours. La présence sur site est requise uniquement pour des réunions d’équipe ou réunion client. La pandémie a accéléré cette évolution, mais il est difficile de savoir dans quelle mesure les changements seront permanents. Ensuite, l’augmentation des offres de commande à distance via Internet ou téléphone, permettent aux individus de mutualiser les raisons de déplacement. Pour un couple avec enfant, les courses sont à aller chercher en même temps que les enfants, car elles sont faites au drive. Le déplacement chez le médecin n’est pas toujours obligatoire, car la visioconférence médicale est de plus en plus proposée. Il n’est pas nécessaire d’aller chercher un livre à la bibliothèque, il est surement disponible en ligne en ebook payant ou grâce à un abonnement kiosque.

Bien évidemment cette diminution de la mobilité ne touche pas tout le monde. Les métiers nécessitant un déplacement comme pour la restauration ou l’enseignement, les personnes qui sont responsables de mineurs et doivent donc les déposer à l’école, au sport, à la chorale… Mais un changement sociétal général semble se mettre en place en modifiant les grilles des horaires et des habitudes du déplacement. Par exemple, la généralisation du travail à distance réduit l’obligation de se déplacer à des heures fixes dans des directions fixes et augmente la part des déplacements qui n’ont pas de schéma fixe.

Quelles sont les modifications fortes de la mobilité?

Principalement suite à la crise sanitaire, la mobilité a connu un véritable de changement. On observe trois grandes tendances, qui semblent se généraliser à plus ou moins grande échelle en fonction du développement du territoire.

La voiture a pris une place très importante dans les déplacements, pour différentes raisons. On peut citer l’habitude qui s’est généralisée durant la période du COVID, avec la diminution des offres des autres modes de transport. Ainsi une personne obligeait de se déplacer, alors que les transports en commun étaient à l’arrêt, a dû opter pour d’autres solutions. Parmi ces dernières on peut principalement retrouver la voiture et le vélo (dont nous parlerons plus loin). La voiture est donc devenue une solution pratique, sécuritaire (limitation de la contamination), et qui offre de la liberté.

Le vélo est devenu un moyen de transport dans l’air du temps. Tout comme pour la voiture, il est devenu un moyen de se déplacer efficace quand les transports en commun ont fait défaut ou étaient considérés comme à risque. Contrairement à la voiture, il est aussi une solution pour lutter à son échelle au dérèglement climatique, au mieux vivre dans les villes, au maintien de l’activité sportive. De nombreuses raisons avancées par les personnes qui ont sauté le pas ! Et de plus en plus d’usagers ont décidé d’essayer les déplacements en vélo. L’institut Vélo & Territoire a relevé une augmentation de la fréquentation des villes en vélo en France en 2022 de 14% par rapport à 2021.

Une désertion des transports en commun qui s’est sentie lors de la crise sanitaire, et à moindre échelle, se ressent toujours aujourd’hui. Selon une suite logique, cette diminution de la fréquentation va de pair avec l’augmentation du nombre de conducteurs actifs, de cyclistes et de personnes restant à leur domicile.

La mobilité de demain semble donc se dessiner, ne prenant pas forcément la direction que l’on espérait face aux problèmes climatiques aujourd’hui indéniable. À une époque où la mutualisation du transport devrait croitre, l’individualisme du transport semble s’accroitre.

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