Une mobilité européenne durable via voie fluviale

Mateusz Szymański, membre du Comité économique et social européen, a expliqué aux journalistes le besoin d’une mobilité durable, et de s’attarder sur la partie fluviale pour y arriver.

La mobilité durable

La mobilité durable est un slogan accrocheur. Nous rêvons de villes vertes où nous pouvons nous déplacer rapidement. Ce n’est pas facile – d’autant plus que les objectifs environnementaux doivent être sur un pied d’égalité avec les objectifs sociaux si nous voulons atteindre la durabilité au sens le plus complet du terme.

Le droit humain à la mobilité est un droit fortement protégé pour chacun d’entre nous, issu de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Depuis l’introduction du pilier européen des droits sociaux, il constitue également un élément important de la politique sociale de l’UE. Malheureusement, dans de nombreux cas, notre compréhension de ce droit est trop étroite, car nous le considérons uniquement comme lié à l’environnement, ce qui en fait une phrase marketing agréable mais vide.

Dans la pratique, la question n’est pas simple. En raison de la complexité du problème, les gestionnaires des villes optent pour des solutions simples et se concentrent sur l’amélioration de la circulation là où des goulets d’étranglement apparaissent. De telles mesures donnent des résultats limités. Les embouteillages ne disparaissent souvent que pour une courte durée, tandis que des problèmes tels que la pollution atmosphérique et l’exclusion du trafic subsistent. Il est crucial de s’éloigner de l’hypothèse selon laquelle la mobilité implique uniquement le déplacement d’un point à un autre. Il est important de considérer l’ensemble des questions liées à la mobilité.

La demande d’infrastructures de transport adéquates

Les villes débordent. Il s’agit souvent de processus incontrôlés. Avant que des infrastructures de transport adéquates ne soient en place, de nouveaux lotissements apparaissent, dont les habitants doivent se rendre en voiture au centre-ville, où se trouvent le plus souvent les lieux de travail et les institutions publiques. C’est pourquoi une planification adéquate est fondamentale, non seulement pour les villes, mais aussi pour les zones environnantes, et non seulement en termes de mobilité des résidents, mais aussi en termes de logistique urbaine. C’est la clé de cette énigme.

Toutefois, la planification exige du temps, des investissements et une analyse minutieuse. Les maires des villes qui pensent en termes d’élections à venir n’aiment pas cela. C’est là que la société civile entre en jeu. En effet, son rôle pourrait augmenter de manière significative. Créer des plans, notamment des plans de mobilité urbaine durable (SUMP) et des plans de logistique urbaine durable (SULP), est une excellente idée, qui implique différentes communautés ayant des besoins de mobilité différents et qui éloigne la planification urbaine des intérêts étroits des promoteurs, qui sont prêts à construire chaque mètre carré disponible dans les villes, ce qui entraîne un manque d’espace pour les infrastructures permettant une mobilité respectueuse des résidents.
Zones sans voiture : créer une alternative à la voiture

Un bon plan doit prévoir une alternative optimale à la voiture. Il n’est pas raisonnable de forcer les gens à laisser leur voiture, par exemple en créant des zones sans voiture. Cela provoquerait des frustrations et pourrait entraîner une exclusion du trafic. D’autres options doivent être disponibles, qui doivent être bon marché, confortables et sûres mais, tout aussi important, offrir un accès égal pour tous. Ces alternatives comprennent également des lieux où les gens changent de moyen de transport : les « nœuds de transport ». Il doit s’agir non seulement d’endroits où les gens peuvent changer de moyen de transport rapidement, commodément, sans tracas et à faible coût, mais aussi d’endroits où les gens peuvent utiliser divers autres services sur la base d’un guichet unique.

Utilisation de concepts modernes

Les outils modernes de planification de la mobilité pour les utilisateurs (mobility as a service (MaaS)) peuvent y contribuer. Un certain nombre d’applications et de plates-formes offrent ce service, mais il est important qu’elles ne deviennent pas uniquement accessibles aux personnes ayant de solides compétences numériques. Tout le monde doit pouvoir les utiliser librement pour que leur potentiel soit pleinement exploité. Il est tout aussi important que les informations aux passagers soient conviviales, transparentes et accessibles à tous les passagers.
Des transports publics durables

Il ne fait aucun doute que les transports publics ont un rôle important à jouer dans la mise en place d’une mobilité durable et dans l’offre d’une alternative à la voiture. La recette est simple : les passagers attendent des transports publics qu’ils soient accessibles, abordables, fiables, ponctuels et qu’ils leur donnent un sentiment de sécurité. Dans le même temps, ils doivent également assurer la sécurité des passagers en cas d’urgence sanitaire. Il est également important que l’utilisation des transports publics ne soit pas associée à la pauvreté. Heureusement, c’est un phénomène de plus en plus rare. Il ne fait aucun doute que la mobilité durable, dont les transports publics sont le point central, n’est pas seulement un « produit » offert aux habitants. Durable signifie également offrir des conditions de travail décentes aux personnes qui fournissent ces services. Ne l’oublions pas.

Il ne faut pas oublier la logistique commerciale et urbaine, qui présente des caractéristiques spécifiques. Ces types de mobilité impliquent le transport de grands volumes de marchandises et ne peuvent pas être diversifiés très facilement. Pourtant, là aussi, de bonnes solutions existent. Un exemple est de mieux utiliser le transport fluvial. De nombreux centres urbains européens sont traversés par des rivières qui pourraient constituer des couloirs de transport pour les marchandises dans ce que l’on appelle le « dernier kilomètre ». Pour ce faire, il faudrait faciliter le développement du transport fluvial dans les villes, notamment en mettant en place les infrastructures appropriées, et veiller à ce que le transport fluvial public bénéficie des mêmes préférences que le transport terrestre public.

Laisser un commentaire