L’agrandissement de la voirie, un atout?

L’extension de la capacité routière dans les zones urbaines a entraîné un étalement urbain, une augmentation du trafic et du nombre d’automobilistes.

Une étude norvégienne, avec un écho européen

En étudiant les effets de l’extension de la capacité routière dans deux zones urbaines de Norvège, Ålesund (avec le tunnel de Blindheim) et Oslo (avec le corridor sud), une équipe de chercheurs a constaté que l’extension de la capacité routière entraînait un étalement urbain, des déplacements professionnels plus longs et une augmentation du trafic. Dans leur article publié dans la revue Transportation Research, ils démontrent que ces aménagements urbains n’ont pas entrainés de diminution des embouteillages aux heures de pointe.

Ce constat est fait en Norvège mais de nombreux pays peuvent tirer les mêmes conclusions avec une augmentation des embouteillages au fil des mois malgré une amélioration voire agrandissement de la voirie.

Les critères de l’étude

L’article se fonde sur l’études des effets de l’augmentation de la capacité routière sur l’aménagement du territoire, le comportement des voyageurs, les volumes de trafic et la congestion.

La capacité routière élargie a été progressivement remplie par les voitures, augmentant le trafic routier. Bientôt, la circulation était aussi lente qu’avant l’extension et les conducteurs étaient plus nombreux dans la file d’attente. Les chiffres montrent donc que par conséquent, les files d’attente étaient plus nombreuses.

L’augmentation de la capacité n’a entraîné aucune réduction, ou seulement une réduction à court terme, des encombrements et des retards. Dans le corridor sud, les retards ont rapidement été les mêmes qu’en 2003, avant l’augmentation de la capacité.

Des raisons d’urbanisme

Les études documentaires et les entretiens ont révélé qu’avant l’expansion de la capacité routière, le développement urbain dans les parties extérieures d’Ålesund était limité en raison de la capacité routière limitée. Faciliter le développement urbain dans ces zones était un argument important pour augmenter la capacité routière, ce qu’ils ont réussi. Un effet secondaire, cependant, a été l’augmentation du trafic et de nouvelles files d’attente.

Dans les municipalités situées au sud d’Oslo, l’augmentation de la capacité routière dans le corridor sud a contribué à une hausse de la demande de logements et d’emplois et, par conséquent, à un développement urbain. La mobilité automobile étant le meilleur moyen d’accéder aux nouvelles zones urbaines, un modèle dépendant de la voiture est apparu. Le trafic s’en est trouvé accru, ce qui a généré davantage de files d’attente.

Des données connues mais rarement prises en compte

Dans l’article paru dans Transportation Research, les chercheurs affirment avoir documenté les effets de la capacité routière sur l’aménagement du territoire, le comportement des voyageurs et les volumes de trafic. Ces connaissances peuvent être utiles aux politiciens et aux professionnels lorsqu’ils se demandent si l’augmentation de la capacité routière est une bonne solution pour résoudre les problèmes de circulation et d’environnement dans les zones urbaines.

La recette de la croissance zéro passe par des mesures telles que la densification et la transformation dans et autour du centre ville, la limitation de l’étalement urbain dans les zones extérieures, le renforcement du centre ville, l’amélioration des transports publics, la facilitation des mesures en faveur du vélo et de la marche, et l’introduction de mesures restrictives contre le trafic automobile. Les résultats de l’étude montrent qu’il sera difficile d’atteindre les objectifs de croissance zéro si les villes continuent à étendre la capacité routière dans les zones urbaines. Dans ce contexte, les chercheurs s’interrogent sur les raisons qui poussent Oslo à prévoir d’étendre la E18 à l’ouest et la E6 à l’est.

Source

Effects of urban road capacity expansion – Experiences from two Norwegian cases. Aud Tennøy⁎, Anders Tønnesen, Frants Gundersen, Transportation Research Part D: Transport and Environment. Volume 69, April 2019, Pages 90-106.

Laisser un commentaire